Cette larme sur mon visage est éternelle... Cette larme comme ton visage ne me quittera plus... Cette larme sera le gage de mon échec... Cette larme ne séchera pas, défile les jours, et cette larme comme un tatouage durera toujours...
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MARS 2007 :
C'est avec beaucoup d'émotions que je vais essayer d'écrire ce billet...Je précise bien, essayer. D'autant plus que c'est la première fois en 2 ans et près de 3 mois que j'évoque cette histoire publiquement. Mes amis la connaisse bien, mais nombreux malgré tout sont, même mes proches, ceux qui ne connaissent pas cet épisode de ma vie. J'ai toujours, par souci de pudeur, par souci de ne jamais me plaindre publiquement, gardé l'essentiel de cette histoire au fond de mon cœur. Seuls mes amis Thibaut et Geoffroy avec qui j'ai partagé ces moments savent vraiment ce qui s'est passé. Quels ont été mes énormes erreurs, la réaction d'Alexie, et la profonde tristesse qui s'est emparé de moi par la suite. J'ai mis de nombreux mois avant de refaire surface, mais j'ai réussi par le faire et j'ai réussi à toujours rester digne devant ceux avec qui je vis le +, mes parents, qui n'ont jamais su ce qui s'est passé. Je gardais tout intérieurement, j'en parlais seulement à mes amis. Etienne, que hélas je n'ai pas vu depuis très longtemps, était la aussi à l'internat. Merci à vous tous. Grace à vous, à votre amitié et à votre confiance, j'ai pu puiser au fond de moi même pour sortir la tête de l'eau et aujourd'hui être plus fort, malgré la blessure qui restera toute ma vie dans mon cœur.
Pourquoi est-ce que je décide maintenant d'écrire ce billet ? Manquerais je à mes engagements que viens de rappeler ? Non, c'est juste que dans 3 mois, une fois que je serais parti, je ne verrais plus Alexie... C'est juste que le gros de ma souffrance est passé et que maintenant je peux en parler + facilement. C'est juste que j'ai envie de me dévoiler comme je suis à mes lecteurs, et cette histoire a marqué ma vie à tout jamais, et a sans doute des conséquences sur certaines choses.
A mon arrivée au lycée, je ne l'avais d'abord pas remarqué. Etant plongé dans un univers totalement inédit et inconnu, je me préoccupais + de me recentrer, de trouver mes repères et des amis. Finalement, je me suis très vite habitué au lycée et à l'internat malgré mes appréhensions. Mes amis furent vite trouvés dès le 1er jour avec Thibaut et Geoffroy au lycée, Etienne et d'autres à l'internat.
Et puis, un jour, ce fut une apparition qui fit l’effet d’une révélation. Quand je l'ai vu pour la première fois, un frisson me traversa le corps et me tétanisa. Impossible de bouger. Impossible de parler. Impossible de faire quoique ce soit à par la suivre du regard. On aurait dit un ange descendu du ciel, la Perfection faite femme au milieu de tant de simples gens et de nombreuses filles qui ne lui arrivaient pas à la cheville. Jamais, même dans mes rêves les plus fous, je n'avais vu une telle fille. Jamais je n'aurai pu imaginer du haut de mes 14 ans à l'époque qu'une telle beauté, mêlée à une élégance sans égale et à une grâce divine pouvait exister. Jamais. C'était impossible. Et pourtant... Cette fille qui venait de passer devant moi avec son air si mystérieux devait être celle qui m'apporterait à la fois le plus de bonheur, et en même temps le plus de souffrance. Celle qui me passera devant de cette manière durant 3 ans et qui à chaque fois, à chaque fois, me fera le même effet que la 1ère fois. Aujourd'hui encore, quand je la vois, je reste le même que j'étais à 14 ans, immobile et impuissant.
Aimer vraiment, ce n'est pas comparer...la femme qu'on aime de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre être, n'a pas de comparatif possible...
En ce jour du 17 décembre 2004, un vendredi, je partais vers Paris avec Reynald et Jean-Gabriel pour l'exposition nationale des films amateurs. Notre film, LES PORTES DE L'ENFER, y avait été d'ailleurs sacré par la suite meilleur film amateur de l'année....Cette expérience cinématographique et tout ce qui en découla fut un véritable bonheur, une grande expérience humaine, pleines d'enrichissements...
Je partais donc pour Paris et sur la route mon portable se met à vibrer...c'est un sms de Thibaut : "Eh pierrot!! Je suis avec la fille que tu kifes et elle s'appelle Alexie!!". Sur le coup j'ai crû que c'était une blague de ce cher Thibaut. Je ne voyais pas comment il avait pu se retrouver avec elle, et surtout, une fille qui s'appelle Alexie, il me prend pour qui?! Il ne va quand même pas me faire avaler ça!! Surtout qu'elle s'appelle Pauline!! Je l'ai entendu. Je réponds donc à Thibaut et il m'explique ensuite :"Je suis avec Clarenne il la connait et elle s'appelle vraiment Alexie!!Pauline c'est sa copine!! Tu veux son numéro?!". Bien sur que je le veux!!! Alors il me le donna.
Une fois en possession de son numéro que j'ai vite appris par cœur (et que je connais tjr !), je lui envoyai un message. Pas de réponse. Une heure après, toujours pas de réponse. Deux heures après, encore rien. Rien rien et rien. Je deviens inquiet, fébrile. Puis mon esprit se tourne vite vers notre exposition, l'installation de nos costumes, les transports dans Paris, les retrouvailles avec toute l'équipe, les projections dans la salle, les colloques, la soirée de samedi soir dans le 93...Mais par moment mon esprit s'évade, je pense à elle... Je l'appelle, le répondeur. Quelle voix....Tout simplement unique, douce, tendre, qui vous transporte le cœur de l'homme le plus dur qui soit.
Le dimanche soir, sur la route du retour, (la je commence à avoir du mal à écrire...) elle me répond.... (ça fait 5 minutes que je suis quasi bloqué la...c'est dur....) et de la s'ensuit une conversation, qui n'appartient qu'à moi, qui durera le temps du trajet. C'était au début des vacances de Noel. Durant ces 15 jours de vacances, j'aurai beaucoup discuté avec elle...j'étais sur un nuage....rien que ça, ça suffisait à me rendre infiniment heureux....je l'aimais tellement....c'était un instant unique....c'était comme si je volais, j'étais....amoureux fou, voila tout. Fou...jamais avant je n'avais eu cette impression, pas même avec Claire-Emilie, et je ne pense pas qu'avant longtemps encore je vivrais de tels moments.... j'ai connu beaucoup de filles depuis avec qui ça a plus ou moins marché mais aucune n'a été "à la hauteur" d'Alexie....Et bien que je ne sois jamais sorti avec, c'est elle qui m'a procuré le + de bonheur....Mais un bonheur de courte durée....
AVRIL 2007
LE COMMENCEMENT DE LA FIN D'UNE HISTOIRE QUI N'AVAIT JAMAIS COMMENCE...
Durant les 15 jours de ces vacances de Noel 2004/2005, je n'étais plus le mm Pierre-Yves. J'étais un Pierre-Yves constamment souriant, un Pierre-Yves qui se frottait les yeux parce qu'il avait le sentiment d'être dans un rêve, un Pierre-Yves de 15 ans fou amoureux d'une fille avec qui il avait des conversations par téléphone. Si peu et tellement à la fois...
Et puis ce fut la bourde. La très grosse bourde. L'erreur fatale. Emporté dans mon élan de rêverie, le 26 décembre j’envoyai un "vulgaire" sms (vulgaire dans le sens où c'était une déclaration par sms) disant que j'étais dingue d'elle, que je l'aimais. Inconscient !!! Forcement, elle n'a pas répondue en ce 26 décembre. Ni le lendemain. Mais, le 28, mon portable se met à vibrer... C'est elle !! Elle ne m'a pas oublié !
Réponse logique : "Ecoute, on ne se connait pas assez...tu as l'air sympa mais je vois pas qui tu es quand même...désolé". Et c'est seulement la que j'ai pris conscience de mon erreur. Mais il était trop tard. Mais si j'avais compris ma faute, j'étais loin d'en imaginer les conséquences...
Ce n'est que + tard que je compris comment il aurait fallu m'y prendre, mais je n'avais aucune réelle expérience en ce domaine. Mon histoire avec Claire-Emilie au collège avait eu bien trop d'importance pour moi à l'époque et je ne m'étais jamais posé les bonnes questions sur les bonnes manières.
Le jour du 1er janvier, je lui envoyai un sms pour lui fêter la bonne année. Aucune réponse. Jamais de réponse.
Le jour de la rentrée, le 4, j'étais soucieux. Ça allait être mon 1er face à face avec elle, ça allait être le moment de vérité, ça allait être le moment fatidique. De la journée, je ne l'ai pas vu. Ce n'est que le soir, en sortant du CDI à 17h40, que je l'ai vu...
Elle parlait à Cachou et il me montrait du doigt d'un aire de dire "tiens, c'est lui PY". Je n’osai pas aller la voir à ce moment là. Sans doute que ça aurait eu des conséquences pour l'avenir mais j'étais si tendu que je n'eu pas ce courage. Peut-être aurais je été la voir, peut-être alors aurait elle eu de moi un autre aspect que ma simple apparence physique...
Etant interne, je rentre donc le soir à l'internat. L'esprit tourné vers qu'elle, que pour elle, mais sans elle. Hugo et Mathieu le rappeur, mes 2 "supers" voisins, étaient ma seule compagnie dans la chambre. J'étouffais. A l'époque je ne connaissais pas trop encore Etienne, je n'allais pas lui parler de tout ça... J'étouffais. Je savais que quelque chose allait, devait, se passer bientôt. Mais quoi, et quand ?
Ces interrogations trouvèrent vite une réponse. Dans la soirée (je ne me souviens plus du moment exacte...ça devait être après 20h...oui, après 20h) je reçu un message d'Alexie. Je le lis rapidement, je ne lis que les principaux mots. Je ne peux y croire... Je le relis cette fois ci avec plus d'attention. Oui, j'ai bien compris, hélas. C'est cette triste vérité. Ce triste message à la fois si "gentil" et si dur...Ces mots sont restés gravés à l'intérieur de mon esprit, de mon corps, de mon cœur. Je ne les oublieraient jamais.
"Désolé, je veux pas te faire de peine mais je préfère qu'on arrête de se parler....c'est mieux comme ça...j'suis désolé. Alex."
Je me souviens de tout. Surtout de cette déchirure au cœur, de ce cri de douleur. Je revoie mon portable s'exploser contre le mur, la chaise voler, le lit retourné, ces larmes couler...
On peut penser que cette attitude était complètement démesuré et stupide car je n'étais même pas sorti avec, je ne lui avais mm jamais vraiment parlé. D'ailleurs peu de gens ont compris ce que j'ai ressenti. Je ne sais même pas au fond s’ils avaient idée de ce que je ressentais.....
Mais pourtant, cette douleur était bien réelle. Et elle l'est toujours quand je pense à elle, tous les jours, ou quand je la vois. Certes le temps et la maturité m'ont aidé à prendre le dessus sur le gros de ma souffrance, mais je crois que cette cicatrice est la cicatrice de ma vie....
JUIN 2007
Le lendemain, j’étais au lycée sans y être : présent physiquement, absent mentalement. Mon esprit, trop fortement touché par la déchirure du cœur, n’avait plus de présence.
Je fus complètement abattu. Je n’avais plus d’énergie, plus le moindre ressort pour relever la tête. Je ne mangeais plus, je ne parlais plus, je ne bougeais plus sauf pour marcher comme un zombi. J’étais à la limite même de ne plus me laver.
Cet état de « non-vie » dura bien 3 semaines. Puis petit à petit, mélange de désespérance et de « rebellisation » :
Les cours que j’aimais devinrent insipides, les cours que je n’aimais pas, détestés. Des tensions comme celles qui m’opposaient à M. Quentin mon prof d’Anglais devinrent de véritables conflits. Mes notes, de bonnes passèrent à mauvaises, pour devenir catastrophiques. J’ai failli redoubler…
A l’internat comme au lycée, je devins « rebelle ». Je me moquais des profs et des surveillants, je faisais le bordel à l’internat.
Je n’écoutais plus rien, de qui que ce soit. Je ne supportais plus mes parents, je ne supportais plus mes voisins de chambre à l’internat, je ne supportais plus le lycée aussi. Seuls mes amis Joe, Thibaut et Etienne avaient encore un peu d’intérêts à mes yeux.
Au rugby, je n’allais quasiment plus aux entraînements, et quand j’y étais, je ne jouais pas…ou en tout cas très mal. Les « rugbymen » du club ne le comprirent pas et ceci leur servit d’ « argument » pour commencer à m’en mettre plein la gueule…et pas que la gueule d’ailleurs… comme si j’avais besoin de ça en plus !
Je crois que le mot est approprié à la circonstance : je déprimais.
C’est la que j’ai commencé à aller plusieurs fois par semaine au bar ou acheter de la bière…c’est la que j’ai commencé à fumer aussi…et pas que du tabac… Quand j’y repense aujourd’hui, je me dis que tout ce comportement était complètement débile… que si aujourd’hui quelque chose de semblable m’arrivait avec une fille je n’agirais plus pareil… J’avais 15 ans, c’est dépassé maintenant…puis-je me dire… Mais voila, j’aimais Alexie. J’en étais complètement dingue plutôt. Et je ne m’attendais pas à une si forte et si rapide désillusion. Et dans ces cas la, on fait des choses qu’on ne pense pas faire lorsqu’on a toute sa raison…
Et on ne m’a pas vraiment aidé…remarquez, qu’est-ce qu’on aurait pu faire pour moi ? Je ne pouvais que m’en sortir par moi-même, car j’étais seul à pouvoir décider de casser cette dépression. Cependant, un peu de soutien ne m’aurait pas fait de mal… Mes parents, je ne leur en avais pas parlé (jamais d’ailleurs) et ils ne comprenaient pas. Mon comportement les agacés. Ce fut dur… J’avais le lycée et l’internat en horreur, je ne pouvais plus supporter la moindre autorité. Joe était la, mais il ne parlait pas de tout ça… Avec Etienne on en parlait, mais on était trop souvent interrompu par les autres de l’internat…Thibaut était toujours la…il a fait ce qu’il a pu… ils étaient la, eux. Ce sont des choses qu’on n’oublie pas…
Cet état intense de « crise » a duré environ 7 mois…jusque fin juillet…puis ce fut 15 jours de vacances sur le bateau… j’en avais vraiment besoin…j’étais franchement au bord du gouffre… Ces 15 jours firent l’effet d’un bol d’air. Je n’étais plus en apnée, je respirais enfin !
Même si la blessure était toujours la et devait rester toujours intense pour de nombreux mois encore (aujourd’hui encore ce n’est pas cicatrisé…mais j’ai appris à vivre avec…), ce fut un véritable tournant.
Car si la désillusion que j’ai évoquée fut un coup dur, la suite fut…innommable…